Non pas que je sois partie, mais je me sens revenue de loin. J’ai glissé au creux des lignes, parcouru des kilomètres de papier et d’octets, je me suis perdue aussi, et me voilà de retour, ici et maintenant. Mercredi, 15h25 et je suis avec vous. Ouf.
Hé,
je me sens toute tourneboulée. Je ne sais plus où j’habite ni même d’où je viens. Et tout ça à cause d’un livre, ça vous arrive des fois ?
Je crois, oui. Je ne le sais pas toujours, mais vous m’écrivez parfois comme Hélène l’a fait hier : « j’ai rendu ce livre à la médiathèque et je me suis sentie orpheline ».
Ce livre c’est la Maison vide de Laurent Mauvignier. Vous le savez peut-être, il a eu le Goncourt. Et pour la première fois, je me suis sentie heureuse de l’avoir commencé avant qu’il n’entre dans ce tourbillon amplement mérité. Il a évincé le reste de ma pile à lire, parce que Sophie m’a dit qu’il était pour moi. Et ça vaut tous les prix. Une amie qui vous l’offre, c’est la meilleure des recommandations, non ? Le voir aussi bien couronné, enfin pas tant le livre que son auteur même si j’ai bien entendu que ce prix récompense un titre et pas une oeuvre, ça me fait quelque chose, ça me donne envie de vous le partager encore et encore.
Et je ne l’ai même pas encore fini !
Je suis toujours dans cette maison vide, pourtant si traversée de monde. Et si je vous fais hésiter, encore…
J’ai aussi été en Haute-Folie je vous l’ai dit, un récit haletant, une petite mise en jambe avant de plonger dans la maison vide.
Je suis aussi dans un lieu où les poissons, eux, ne pleurent pas… une BD (peut-on vraiment dire cela, un récit ?) de Laurent Galandon et Jean-Denis Pendanx. Le trait est doux, soyeux. Le sujet, dur. Nous sommes transportés en Gambie… je ne veux pas vous en dire plus, à chacun d’emprunter les routes qu’il souhaite.
Je reviens de loin...
Souvenir d’une visite bouleversante aux îles du Salut en Guyane, vous savez, le bagne…
Après des heures à marcher dans les monts du Beaujolais d’une couleur automnale si ravissante, j’ai quand même eu besoin de me retrouver En thérapie. Alors perchées à quelques nuages des Alpes, Catherine m’invite à regarder ce documentaire… et après ? A accepter que je reviens de loin moi aussi. Comme nous tous en somme.
Le loin étant plus ou moins lointain, plus ou moins étranger.
Alors oui, en vérité je vous le dis, je reviens de loin. J’ai juste envie de continuer à lire, pour vous écrire ici et que vous receviez chaque mercredi à 15h25, ma correspondance. Et que je reçoive encore et encore vos petits mots ou vos longues suites de pensées, dans mes messageries. Avec une belle excuse que nous donnent les livres, merci à eux.
Et merci à ceux qui m’ont écrit mercredi dernier : « tu n’aurais pas oublié d’écrire ta lettre ? » Non je ne l’avais pas oubliée, mais je ne l’avais pas postée ! Elle est là, elle vous attend, faites-lui honneur j’ai aimé vous l’écrire.
Comme celle-ci et toutes les autres depuis plus d’un an maintenant.
Je vous laisse, j’ai quelques effets à ranger après être partie si loin. Je m’en vais retrouver la commode de la maison vide, on se voit la semaine prochaine.
PS : Je suis toujours aussi tourneboulée qu’au début de cette lettre, mais je me sens moins seule 🙏
PPS : On se voit peut-être dimanche 16 novembre dans l’après-midi, mon père partagera ses nombreuses excursions en Guyane, et il nous promet un voyage incroyable ! L’occasion de se (re)voir ? A 16h au Quartier Métisseur à Lamure sur Azergues.