On ne respire plus, on ne voit plus le temps passer, on perd ses repères… c’est l’effet que me fait la lecture. J’en perds même parfois mon français !

En préparant ma séance de lecture à voix haute pour les 5ème, cette semaine, j’ai choisi le début d’un livre dont nous venons de faire l’acquisition : En apnée de Meg Grehan aux éditions Talents hauts (j’adore le jeu de mots !).
*La photo qui illustre ce post est un extrait du livre.

J’ai lu 15 minutes, en respirant (!), lentement, pour arriver jusqu’à un point que j’avais choisi, car le rythme en est déroutant. Je m’étais entraînée à le lire une fois en silence, une autre fois à voix haute avant de le partager aux élèves. Ils en ont eu eux aussi, le souffle coupé. Pas facile de lire ces lignes qui semblent si hâchées, pour une histoire pourtant si poétique, si vitale.

C’était beau de les voir m’écouter, puis se lever dans le calme et partir déjeuner.

Ce quart d’heure lecture, je le chéris pour moi, et depuis que je le partage, c’est de la Joie à l’état pur qui se diffuse autour de moi.

C’est aussi un joli lien que je tisse avec les élèves. Je sais que certains liront, d’autres non, mais pendant quelques minutes, le temps s’est arrêté. On a fait une pause salvatrice, chacun y a puisé un peu de force pour continuer le plus sereinement possible sa route.

En même temps, je suis triste de constater à quel point parfois il est impossible de rentrer dans une lecture. Je peux être triste pour moi, mais encore plus pour les autres, surtout quand ils me partagent cet état de fait.

Mon fils de 13 ans est revenu du collège un mercredi en jetant son livre sur la table : “tiens on a fini de l’étudier, tu peux le mettre à ton CDI”. J’ai senti au ton de sa voix que cette lecture n’avait pas été une réussite, ni même un simple plaisir. En prenant le temps de discuter avec lui, j’ai compris qu’il n’avait ni aimé le format (pourtant c’est un lecteur de BD/mangas) ni la manière dont a été interprétée l’œuvre. Pourtant tout a été fait pour amener le jeune lecteur à aimer ce livre : format court et illustré en couleurs. Mais ça n’a pas fonctionné, pour lui en tout cas.
C’était Les Misérables en bande dessinée chez Belin Education.

En même temps, je me suis rappelé cette lecture, que j’avais aimée. Dans une édition pourtant beaucoup moins sexy. Mais peut-être que c’était plus tard pour moi ?
Je ne le mettrais pas au CDI, mes propres élèves ne le feuillètent pas non plus. Il rejoindra la boîte à livres du village pour vivre une autre vie. Et qui sait, se retrouver entre les mains de quelqu’un qui le lira, en apnée peut-être.

J’en termine pour cette semaine, moi-même un peu en apnée aussi, prise dans le rythme effréné du quotidien !

N’hésitez pas à en parler autour de vous,
le temps de lire,
c’est du temps,
hors du temps.

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